Mgr Sabri Anar Chevalier de la Legion d'Honneur
Mgr Sabri Anar, curé de la paroisse Chaldéenne Saint Thomas à Sarcelles à reçu le mercredi 14 mai les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur par le président du Sénat, Mr Gérard Larcher.
voici le discours que le Président a prononcé à cette occasion :
« Partage le bonheur des heureux, les pleurs des affligés, c'est l'indice de la pureté. Souffre avec ceux qui souffrent, verse des larmes avec les pécheurs, réjouis-toi avec les repentants », disait au VIIème siècle, l’évêque de l’Eglise d’Orient, Isaac de Ninive.
Monseigneur, Monsieur le Préfet, Monsieur le Sous-Préfet, Mesdames, Messieurs les Présidents, Mesdames, Messieurs les Parlementaires, Monsieur le Conseiller départemental, Mesdames et Messieurs les Maires, Mes Pères, Mesdames et Messieurs,
C’est avec grand plaisir que je vous accueille aujourd’hui pour vous remettre les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur. Nous honorons votre action en faveur de l’intégration de la communauté chaldéenne en Île‑de-France et nous honorons aussi à travers vous la générosité des chaldéens.
Monseigneur, vous êtes né à Uludere, dans un village du sud-est de la Turquie. Après avoir été au séminaire à Istanbul puis à Bagdad en 1985, vous avez été ordonné prêtre à Paris en 1990 par l’Archevêque chaldéen de Téhéran. Vous devenez alors vicaire de votre communauté.
Vous avez depuis servi la communauté chaldéenne d’Île-de-France, implantée en grande majorité à Sarcelles et dans d’autres villes du Val‑d’Oise et de la Seine-Saint-Denis.
Vous êtes l’un des grands piliers de l’Église chaldéenne en France. Vous avez été le maître d’œuvre de deux églises chaldéennes : l’église Saint Thomas-Apôtre à Sarcelles et l’église Saint Jean-Apôtre à Arnouville dans le Val-d’Oise.
Vicaire de la mission chaldéenne, vous avez été nommé curé de la paroisse Saint Thomas-Apôtre en 2006.
Vous serez ordonné chorévèque en novembre 2017 par le patriarche de Babylone des chaldéens, Sa Béatitude Mar Louis Raphaël Sako que j’ai eu la joie de recevoir à la Présidence du Sénat.
Vous avez fait de votre paroisse ce qu’elle est aujourd’hui, une belle communauté vivante et dynamique. Votre église est pour les chaldéens une véritable maison, ils y retrouvent leur langue araméenne et leur tradition orientale. Vous souhaitez à présent ouvrir une école.
Depuis les années 1970-1980, ceux qui ont fui la Turquie pour venir s’installer en région parisienne, à Sarcelles, ont trouvé un équilibre heureux entre la fidélité à leurs racines et leur intégration dans la société. Ils sont nombreux à être élus dans les conseils municipaux de la région. Ils ont le souci du bien commun. Ils sont un exemple d’intégration réussie.
La présence vivante de cette Église orientale constitue une richesse pour notre pays. La diaspora chaldéenne permet de partager les trésors de sa tradition et de sa spiritualité avec le reste de la chrétienté.
L’Église chaldéenne a toujours été à la fois missionnaire et souvent persécutée. Persécutée, elle l’est effectivement encore aujourd’hui, alors que des familles ont fui l’Irak. Missionnaire, elle continue de l’être.
Monseigneur, nous connaissons les épreuves endurées par vos fidèles.
Nous avons été les témoins des souffrances des chrétiens d’Orient, nous avons été témoins de leurs angoisses, de leurs cris d’injustice, de leur incompréhension, du sort qui leur a été réservé.
« Une question est souvent posée » écrivait Jean d’Ormesson : « que peut‑on faire pour les chrétiens persécutés ? D'abord, ne pas les oublier. Prier pour eux si l'on est croyant. Agir en leur faveur par les voies politiques et diplomatiques. Les accueillir dans des pays où ils pourraient survivre. Leur témoigner de toutes les façons possibles une solidarité et un soutien ».
Vous savez, Monseigneur, les actions que la France essaie de mener dans des conditions complexes pour la construction de maisons, d’écoles, d’églises pour les réfugiés déplacés, mais aussi l’effort de reconstruction entrepris dans la plaine de Ninive. Je salue le rôle de l’Œuvre d’Orient et de Monseigneur Gollnisch.
Pour nous, Français et Européens, la juxtaposition d’un Proche-Orient qui serait devenu mono-religieux et d’une Europe occidentale pluri-religieuse est à terme une menace formidable pour la paix et pour la culture.
L’avenir de cette partie du monde ne se fera pas sans la participation de toutes les minorités, de toutes les religions et en particulier des chrétiens d’Orient. Les sacrifier, comme le voudraient certains, les oublier, c’est être sûr qu’aucune stabilité, aucun projet ne se construira dans la durée dans cette région. Les sacrifier reviendrait à en finir avec notre civilisation née autour de ces chrétiens du Ier siècle parlant l’araméen, langue à laquelle vous avez consacré un ouvrage.
Bimillénaire, l’Église chaldéenne n’est pas tournée vers le passé, elle est résolument tournée vers l’avenir. « Nous sommes dans un tunnel long et sombre, mais au bout il y a la lumière » écrit Monseigneur Sako.
Si cette Église envisage cet avenir avec détermination et courage, c’est grâce à des hommes tels que vous qu’elle le doit, Monseigneur !
Monseigneur, en témoignage de reconnaissance pour votre engagement exemplaire, le Président de la République vous a nommé Chevalier de la Légion d’Honneur, c’est un grand privilège pour moi de vous remettre cette distinction.
Monseigneur, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion d’honneur.